Par Clark G. KHADIGE, dba, desg
JCB 1934-2012
ABSTRAITS
L’intégration de nouvelles ressources nécessaires à une
activité de gestion des entreprises, ou de n’importe quelle activité, est
généralement faite en fonction d’un objectif que l’on voudrait atteindre le
plus rapidement possible. Dans le processus de management, et de la fonction de
planification en particulier, le temps pose une nouvelle problématique de
taille et il importe d’y réfléchir en fonction des délais nécessaires pour
qu’une activité soit faite. « De nos jours, le facteur temps est devenu essentiel
non seulement pour les stratégies mais également en tant qu'instrument
de gestion ».
L’objectif de cet article est de mettre en évidence que
le temps est à la fois ressource et critère, paramètre et facteur sans oublier
les dimensions de la variable et de la contrainte. C’est aujourd’hui, et
sûrement depuis toujours, la sixième ressource dans le management des
entreprises, malheureusement mal reconnue.
MOTS-CLÉS
Temps – Ressource – Critère – Facteur – Paramètre –
Contrainte – Variable - Management – Fonction – Intelligence – Rapidité –
Patience _ Influent
ABSTRACTS
The
integration of new resources into the business of managing organizations is
usually based on objectives and goals one wishes to achieve in the shortest
time possible. In the process of management, and especially in the planning
function, time poses a new problem size as it is important to think about
delays needed for an activity to be done. "Today, the time factor has
become essential not only for the strategies but also as a management
tool."
The
objective of this article is to highlight that time is both a resource and a
criteria, a factor as well as a parameter, without forgetting its constraint
and variable dimensions. It is today, and has certainly always been the sixth
resource in business management.
KEYWORDS
Time - Resource - Criteria - Factor - Parameter -
Constraint - Management - Function – Intelligence – Patience – Speed -
Influents
PREAMBULE
La grande question que les entreprises pourraient se
poser aujourd’hui, face aux impératifs de la globalisation et de la situation
de concurrence sans scrupules qui en découle, est «avons-nous le temps?».
Beaucoup répondront « nous avons le temps, sans réellement l’avoir ».
Ajoutons à cela, ce que Claude SMADJA, directeur général
du Forum économique mondial, déclarait dans son intervention durant le 27e
Congrès Mondial et Exposition de l’IRU, sur le facteur temps « De nos jours, le
facteur temps est devenu essentiel non seulement pour les stratégies
commerciales, mais également en tant qu'instrument de marketing et critère
principal d'efficacité et de compétitivité. Toute entreprise ou économie
nationale qui n'en ferait pas une priorité se trouverait bientôt en mauvaise
posture ».
Un peu plus loin, Claude SMADJA ajoute : « Aujourd'hui,
la question n'est plus de savoir si, oui ou non, l'on peut s'adapter à cette
nouvelle économie : c'est de savoir si l'on pourra s'y adapter à temps… ce
n'est plus le gros poisson qui mange le petit, mais le plus rapide qui mange le
plus lent ».
La prudence et l’attention constante, sont donc
aujourd’hui de mise ! Quelle que soit l’activité, le plan ou l’objectif, toute
stratégie, pour qu’elle soit gagnante, doit considérer la dimension du temps
dans sa réflexion et ses actes. Sinon, à quels résultats faut-il s’attendre ?
Il reste certain cependant, que la pression chaque jour
plus forte de la concurrence, requiert incontestablement de reconnaître un fait
primordial : Être rapide, c’est-à-dire voir les choses en considérant le temps
comme élément indispensable à l’action managériale. Mais s’agit-il vraiment :
- D’Être
plus rapide ?
- D’Être
aussi rapide ou
- D’Être
moins rapide que les autres ?
Notre société est de plus en plus marquée par
l’importance du temps et s’oriente vers une culture influencée par la rapidité,
voire l’impatience.
Encore une nouvelle problématique dont il faudra trouver
réponse et justificatif.
DÉFINITION DU TEMPS
Mais, au fond, qu’est-ce que le temps ? Comment
réellement le définir ? Est-ce :
- Une
ressource ? Ce qui permettrait une forte interactivité entre idées, prises
de décisions, choix des actions, fonctions et ressources,
- Un
critère ? Il déterminerait un espace en heures, jours ou mois,
- Un
facteur ? Il favoriserait ou défavoriserait, soutiendrait ou abandonnerait
une application quelconque ou une activité qui pourrait ne pas s’avérer
rentable,
- Un
paramètre ? Il permettrait de mesurer et de dessiner les périmètres
d’actions,
- Une
contrainte ? Une limitation d’un espace en durée de temps ou en délais
nécessaires,
- Une
variable ? Il prendrait différentes valeurs et permettrait une grande
flexibilité d’usage,
- Une
dimension ? Elle déterminerait un espace dans lequel une activité, ou une
fonction, s’accomplirait,
- Une
perception ? La considération et la compréhension de délais ou de durée
nécessaires,
En définitions rapides
Dans le cadre de cet article, définissons les termes qui
nous intéressent :
- Ressource
: moyens (en hommes, en matériel) dont dispose un groupe, un pays, une
organisation, etc.
- Critère
: ce qui permet de faire un tri, de choisir, de servir de base de
jugement,
- Facteur
: élément concourant à un résultat,
- Paramètre
: donnée essentielle pour comprendre…, élément … dont on peut fixer la
valeur numérique, donnée de référence…,
- Contrainte
: ce qui contraint, pression physique ou morale pour forcer, obliger, pour
limiter un espace de travail….,
- Variable
: qui est sujet à varier, qui est incertain, qui est susceptible de se
modifier dans sa forme, qui peut prendre diverses valeurs
- Dimension
: étendue mesurable, mesure de chacune des grandeurs nécessaires à
l’évaluation de quelque chose, portion relative de l’espace occupée par un
corps (activité ou fonction dans cet article), grandeur, importance de
quelque chose (taille), aspect significatif de quelque chose,
- Perception
: Idée, compréhension plus ou moins nette de quelque chose,
Pour mieux définir et mieux comprendre le terme temps
référons-nous, une fois encore, à cet éternel compagnon culturel qu’est le
dictionnaire pour nous renseigner sur ce qu’il pourrait signifier dans
différentes dimensions ou situations :
- «
Milieu et notion fondamentale dans lequel semblent se succéder des
événements et se dérouler les existences,
- Milieu
perçu comme une dimension mesurable,
- Chacune
des phases de déroulement d’une action….
- Durée,
- Délai,
- Époque,
- Moment
favorable pour faire quelque chose,
- Saison,
- Etc.
».
Nous tenterons, dans cet article, de mieux comprendre, et
certainement de mieux mettre en évidence ce qui vient d’être écrit.
INTRODUCTION
Dans « Le facteur temps ne sonne jamais deux fois »,
Étienne KLEIN écrit : «Chose déroutante, décidément, que le temps. Nous en
parlons comme d'une notion familière, évidente, voire domestique,
"gérable". Une sorte de fleuve dont nous pourrions accommoder le
cours à notre guise, à coups de plannings, de feuilles de route, d'agendas.
Nous parlons même d'un "temps réel" pour évoquer l'instantanéité,
c'est-à-dire le temps sur lequel nous n'avons aucune prise. Mais aucune
discipline ne parvient à épuiser, à elle seule, la question du temps ».
Parmi les différentes raisons qui tentent d’expliquer les
raisons d’un échec, ou d’un succès, nous pourrions dire, à la limite, que la
considération, ou le manque de considération, de la dimension temps tient
souvent la première place, si ce n’est une des premières. Sa mauvaise
compréhension, ou utilisation, est souvent source soit de mauvaises prises de
décision, soit d’une orientation divergente des objectifs prévus.
En fait, la pression issue de la concurrence en maximise
l’importance, car être le premier reste un objectif vital en termes de parts de
marché et de pénétration totale des marchés.
Face à cette situation, nous pourrions nous poser la
question : « Les entreprises se donnent-elles suffisamment de temps pour
réfléchir, concevoir, produire et commercialiser » ? Deux réponses se
présentent alors à l’esprit, de prime abord :
Oui, car ce qui est offert sur un marché doit être
suffisamment fonctionnel pour être choisi, acheté, utilisé et ré-acheté. Mais,
que dire réellement de certains produits qui, à peine quelque temps après leur
lancement, sont retirés du marché pour défauts techniques (parfois dangereux)
ou contre-effets malheureux ? Rappelons-nous les déboires de l’industrie
automobile et de l’industrie pharmaceutique.
Non, car les attentes des marchés consommateurs et des
individus en particulier, font de plus en plus pression sur les entreprises
pour obtenir ce que nous avions appelé, dans un de nos articles précédents, la
vie plus facile et moins stressante. Signalons, à ce sujet, que le manque de
temps, ou la pression sur une réduction des délais de productivité et de production,
a eu des conséquences malheureuses sur les individus au travail.
Il y a bien un proverbe qui dit que « Le succès vient à
celui qui sait attendre ».
Ainsi, à cause du manque de prise en compte du temps,
beaucoup d’entreprises se mettent, dès leur point de départ, en situation
d’échec possible. Le temps est donc d’importance. Ainsi, concevoir, tester,
produire et commercialiser en minimisant la dimension temps (que l’on ne peut
pas du tout ne pas considérer) peuvent devenir d’importantes sources d’erreurs
dont les conséquences coûtent souvent trop cher.
Notons que souvent, quand une décision est prise
concernant le nouveau ou l’innovant, la phase de planification, donc d’étude de
faisabilité, de rentabilité, d’allocation et d’anticipation, reste incomplète
si suffisamment de temps n’est pas donné au temps. Ce qui nous rappelle ce que
François MITTERRAND avait dit : il faut donner du temps au temps dans une de
ses célèbres citations.
Pour les entreprises, il s’agit donc de prendre conscience
de ce que représente vraiment le temps !
1 – Le temps : ressource fondamentale
La considération du temps en tant que ressource
nécessaire, et inévitable, en management des organisations et de leurs
activités internes et externes, est importante car elle influe fortement sur
les délais de travail et sur sa livraison aux différents clients, et influence
autant la productivité individuelle, que collective et
qu’organisationnelle.
De lui dépend souvent le succès, ou l’échec comme nous
l’avons dit plus haut, de ce que l’entreprise entame dans la course effrénée
pour sa survie ou son expansion économique. Mais les impératifs et les enjeux
du XXIe siècle, limitent son espace : faire trop vite, c’est faire parfois
incomplètement et, peut-être moins parfaitement, quand faire trop lent c’est
souvent manquer le coche ou arriver trop tard. Ne pas tenir compte de cette
réalité, c’est déjà se condamner à devenir, et rester, un suiveur plutôt qu’un
leader avant de disparaître définitivement. D'où les erreurs de planification,
les échéances toujours trop rapprochées, les urgences qui arrivent toutes
ensemble, ce qui crée des conditions propices aux échecs.
Ici, dans une certaine mesure, intervient l’Intelligence
d’Entreprise : il ne s’agit plus de prévoir, ou d’anticiper, mais de créer
l’innovant c’est-à-dire ce qui va révolutionner et renverser les habitudes et
donner du fil à retordre à la concurrence. Mais, celle-ci ne va pas rester les
bras croisés. Dès qu’elle aura compris que la nouvelle règle du jeu est
l’innovation, elle va aussi se lancer dans l’imaginatif et le créatif. Les
entreprises savent aujourd’hui, à cause des enjeux et des intérêts engagés, que
la survie économique n’est qu’une question d’intelligence et de temps.
Alors, faut-il gagner du temps ou faut-il perdre du temps
? Ces deux questions restent d’actualité, car:
Gagner du temps, c’est, encore une fois, être le premier
dans l’introduction du nouveau ou de l’innovant. Ici, s’introduit le concept de
la créativité compétitive. Ce qui nous entraîne à reposer l’éternelle question
« faut-il être le premier ou faut-il être le meilleur » ?
Perdre du temps reste une décision volontaire ou obligée.
La raison en est peut-être le fait qu’un marché, ou que des consommateurs, ne
sont pas encore prêts pour le nouveau ou l’innovant.
Nous en arrivons donc, à réaliser qu’au fond, le temps
reste une ressource trop souvent négligée ou à laquelle peu d’importance y est
allouée. La raison en est simple : on croit toujours qu’on a le temps autant
que certains pensent et disent, face à un impératif de production, on n’aura
jamais le temps… ou on n’aura jamais assez de temps…. Ce qui n’est pas toujours
vrai !
Il s’agit seulement de faire attention à ne pas revivre
la course du « Lièvre et de la Tortue ». On en arrive à penser au dilemme
arriver trop tôt ou arriver trop tard, mais jamais : arriver à temps !
Il est vrai, aussi, qu’on ne peut pas tout faire en même
temps, autant qu’on ne peut pas penser à tout. C’est, pratiquement et
simplement, parce qu’on reste pressé de finir, d'où l’anecdote comment finir
avant de commencer ? Il faut donc faire des choix, ce qui n’est pas aussi
simple qu’on ne le croit.
Il s’agit donc de prioritariser l’important avant le
secondaire. « Choisir les choses à faire est d'une importance capitale dans la
gestion du temps et ce choix implique la décision de ne pas faire certaines
choses. On emploie un temps fou à faire des choses inutiles ou insatisfaisantes
qui ne contribuent guère à l'atteinte de nos objectifs ». Remettre sur la table
d’opérations, les concepts d’efficacité (faire les choses correctement) et
d’efficience (faire ce qu’il faut faire). En conséquence, que de temps gaspillé
inutilement !
Ce qui nous entraînerait à dire, à la limite, que toute
gestion du temps, en entreprise ou en activité, serait faite en considérant :
L’efficacité du temps : produire suivant des délais
déterminés, en considérant une marge suffisante de sécurité, (prévoir les
retards possibles, les ralentissements, etc.)
L’efficience du temps : impartir les délais nécessaires à
une production, ou à une activité, pour qu’elles soient suffisamment adéquates
à servir.
On en vient donc à réfléchir fortement sur une activité
managériale omniprésente : la gestion du temps ! « La différence fondamentale
entre les gens qui réussissent et ceux qui échouent réside souvent dans l'usage
qu'ils font de leur temps. Ce qui importe, ce n'est pas le nombre d'heures que
l'on consacre à un travail, mais bien ce que l'on fait pendant ces heures. En
gérant bien son temps, on peut travailler pendant le même nombre d'heures
qu'auparavant et obtenir de meilleurs résultats pendant moins d'heures et
atteindre les mêmes résultats ; ou pendant plus d'heures et arriver à des
résultats exceptionnels ».
2 – Le temps : critère fondamental
Le temps est-il un critère particulier à différents types
d’activité, de profession ou de métier, de groupes, voire à différents pays ?
Effectivement, la notion de temps varie d’un pays à l’autre. Ainsi, dans
certains d’entre eux le temps reste une notion vague. Comme exemple, nous
pourrions citer le terme « demain » dans les pays arabes, (boucra, dans le
langage courant de certains pays du Moyen-Orient) qui ne définit pas le jour
suivant, mais qui a surtout la connotation du un jour…. La notion de l’exactitude
est plutôt floue, et l’attente n’est pas un phénomène inhabituel.
Le temps, serait une « composante culturelle propre à
chaque pays » comme le proposerait Frédéric TIBERGHIEN dans sa proposition de
«profil temporel » mono ou polychronique.
Il faut noter cependant que certains pays, voire
certaines entreprises, privilégient le vague dans leur engagement des délais
afin de ne pas s’engager et d’être pris de cours, quand pour d’autres le temps
est même devenu plus important que la qualité !
Notons à ce sujet que l’emploi du temps reste, pour
certains négociateurs, un critère d’économie. Les commerciaux américains ont
tendance à organiser leur temps dans les rencontres commerciales, (time is
money), quand les commerciaux de certains pays d’Extrême-Orient favorisent la
perte de temps (?), en opposition aux premiers, en relations humaines. Deux
approches différentes où le temps représente un critère social
d’importance.
Dans l’enquête menée par Louis-Harris (1997) sur
l’importance des critères dans le choix d’un fournisseur, le critère temps
occupe la 3e place avec 47% quand la notoriété de l’entreprise (qui reste
fondamentalement un critère important de choix autant pour les entreprises en
B2B que pour les consommateurs en B2C, puisqu’elle inclue image de marque,
crédibilité et confiance), ne totalise que 9%.
Matière à réflexion, puisque la relation marketing
entreprise-consommateurs représente toujours le critère de continuité et de
constance. Le temps remettrait-il tout en question ?
On en vient donc à considérer une dimension additionnelle
: celle du rapport qualité-temps. Quelle qualité, et quelles qualités, fournir
dans un délai déterminé ? Et quels prix conséquents adopter ?
3 – Le temps : paramètre fondamental
Wikipédia, dans sa définition du temps, facteur
fondamental écrit que «Galilée fut le premier à considérer le temps comme une
grandeur quantifiable… », c’est-à-dire qu’aujourd’hui la quantité de temps
nécessaire pour faire quelque chose doit être retenue, et doit être mesurée, sinon
décidée, dans la prise de décision et dans la production de quelque nature
fusse-t-elle.
Les fonctions de gestion des entreprises incitent à
penser que les activités sont régulées suivant un mouvement synchronisé qui
part d’un concept pour arriver à une réalisation ou une application concrète.
Il faut donc considérer un espace de durée qu’on appellera temps de production
ou temps de productivité. Les choses ne se font pas seules et ont besoin de
délais pour être prêts.
Le temps est donc un paramètre actif dans tout processus
de management depuis l’idée créatrice et innovante jusqu’à l’utilisation des
ressources disponibles dans l’entreprise.
Nous reviendrons sur ce point, dans la partie Management
et Temps un peu plus loin.
4 – Le temps : facteur fondamental
Jean-Yves ARCHER introduit son article Le temps, ce
facteur-clef de succès pour le manager, par «L’accélération de l’innovation,
des modes de transport, des transferts de données ont donné une sorte de coup
de fouet à la société. Selon l’adage, on ne doit pas confondre vitesse et
précipitation. Et pourtant bien des exemples rapportent le contraire. Quel
rapport au temps avons-nous » ?
La perception de ce facteur reste, cependant, tributaire
du point de vue de l’entreprise, des dirigeants, des employés, des
consommateurs, de la consommation, etc. Pour les uns il concerne des délais, ou
des échéances à respecter, pour d’autres il n’est qu’une dimension vague et,
pour d’autres encore, il ne représente qu’une contrainte.
Cette notion de facteur temps est d’importance lorsque
l’on tente de comprendre les processus autant du management des entreprises,
que ceux des activités à entreprendre.
On prend surtout conscience de son importance lorsque
l’on tente d’aborder des questions… primordiales de la réflexion managériale et
de la constance marketing.
5 – Le temps : contrainte fondamentale
Nous pourrions introduire ce paragraphe par la Théorie
des Contraintes d’Eliyahu M. GOLDRATT, « qui a pour principe fondamental que le
flux généré par une organisation est limité par au moins un processus,
c'est-à-dire un goulot ou goulet d’étranglement. La production de valeur ne
peut donc être augmentée qu’en augmentant la capacité de production au niveau
du goulet d’étranglement ».
Une contrainte est une règle obligatoire qui réduit la
liberté d'action.
6 – Le temps : variable fondamentale
Chaque activité, chaque fonction, chaque tâche
s’accomplit en fonction d’un objectif et dans une dimension temps bien
déterminée. Cependant, cette dimension peut prendre plusieurs valeurs suivant
la difficulté, ou la complexité, de ce qu’il y a à faire.
Il est donc primordial d’allouer à ce qui est en cours
d’être fait, la quantité de temps nécessaire pour que tout soit fait suivant
les normes qu’une entreprise crée, ou suivant ce qu’un marché d’écoulement
attend. On reprend, ici, ce concept de qualité-temps.
Pierre WAAUB le met bien en évidence quand il écrit : «
En ignorant les conséquences des réformes sur la variable « temps de travail »,
les pouvoirs publics ont négligé une variable essentielle : celle qui rend
l’organisation du travail efficiente. De la surcharge de travail à la
frustration de ne pas avoir le temps, les enseignants font chaque jour le
constat de l’importance stratégique du temps dans les apprentissages. Et si
l’on prenait le temps de comprendre les différentes significations de ce manque
de temps pour arrêter de le vivre comme une contrainte et commencer à
l’organiser autrement ».
7 – Le temps : dimension fondamentale
Le temps reste pour l’entreprise et pour l’individu une
dimension fondamentale des perceptions de l’objectif et de l’aboutissement
d’activités managériales autant que culturelles, sociales ou économiques. Ce
qui laisse à dire que la question « qu’est-ce que le temps ? » relève d’enjeux
purement économiques.
Les deux grandes caractéristiques de la dimension temps
est son irréversibilité et son irrévocabilité. En effet, quand l’application,
ou la mise en route, d’une activité, la réflexion et la prise de décision
tombent dans le passé. On comprend alors pourquoi toute prise de décision
devient décisive et engageante.
Cette dimension nous pousse à considérer dans la
réflexion managériale les concepts de temps passé, temps présent et temps
futur. Trois dimensions qui répondent aux trois questions fondamentales de la
réflexion analytique de l’action de l’entreprise :
- Où
étions-nous ?
- Que
faisons-nous ?
- Où
serons-nous ?
Comprendre les relations qu’entretiennent ces trois
modalités du temps, c’est probablement comprendre ce qu’est le temps lui-même.
« Car tout cela, ce sont des divisions du Temps :
le passé et le futur sont des espèces engendrées du Temps, et lorsque nous les
appliquons hors de propos à la substance éternelle, c'est que nous en ignorons
la nature. Car nous disons de cette substance qu'elle était, qu'elle est et
qu'elle sera. Or, en vérité, l'expression est ne s'applique qu'à la substance
éternelle. Au contraire, était, sera sont des termes qu'il convient de réserver
à ce qui naît et progresse dans le Temps. Car ce ne sont que des changements.
Mais ce qui est toujours immuable et inchangé, cela ne devient ni plus vieux,
ni plus jeune, avec le temps, et jamais cela ne fut, ni ne devient
actuellement, ni ne sera dans le futur. » (Platon, Timée)
8 – Le temps : une perception fondamentale
Le temps est un concept développé par l’être humain dans
un temps présent pour comprendre le changement dans l’évolution des choses,
depuis le temps passé et leur projection dans un temps futur. C’est donc une
perception très subjective inhérente à l’écoulement des jours, des semaines,
des années et des siècles.
Dans la présentation de Wikipédia, sur la perception du
temps, nous lisons : « La perception temporelle a fait l'objet de nombreux
travaux depuis les premières études psychophysiques au XIXe jusqu'aux
explorations en imagerie cérébrale les plus récentes. Les expérimentateurs se
sont attelés à distinguer différents types de phénomènes qui relèvent tous de
la perception du temps :
- la
perception des durées ;
- la
perception et la production de rythmes ;
- la
perception de l'ordre temporel et de la simultanéité».
TEMPS ET MANAGEMENT : LA GESTION DU TEMPS
La question de la gestion du temps est une question posée
pratiquement chaque jour quand on gère une entreprise, ou une activité
quelconque. Ceci s’adresse autant aux entreprises qu’aux individus.
La manière dont chacun choisit d’allouer la quantité de
temps nécessaire pour faire quelque chose, traduit souvent le critère des
priorités, comme on l’a déjà dit. Gérer son temps, c’est donc, comme nous l’avons
signalé plus haut, donner la priorité à l’important, au plus urgent ou au plus
pressé face au secondaire qui peut attendre. Mais c’est aussi, ce qu’on oublie
parfois, la priorité à l’allocation des ressources et la concentration des
énergies pour finir à temps.
Il est donc important, dans la réflexion managériale, de
catégoriser, dans la mesure du possible, ce qui doit être fait en court terme,
en moyen terme ou en long terme. En fait, c’est revenir au concept de la
planification stratégique.
Le temps est l’élément le plus complexe à gérer. En fait,
la durée réelle impartie aux tâches est souvent différente de celle prévue dans
la période de planification, puisqu’interviennent de nombreux facteurs tels que
la compétence et le niveau de maîtrise de la personne en charge.
Il y a donc plusieurs étapes à considérer dans la gestion
du temps :
- Identifier
les délais nécessaires,
- Exploiter
ces délais au maximum, tout en laissant une marge de sécurité, tel que
nous l’avions signalé plus haut,
- Organiser
et synchroniser les processus de travail,
- Contrôler
chaque étape et évaluer la projection sur l’ensemble du travail en
cours,
- Etc.
L'application de la gestion du temps est une méthode de
gestion fondée sur la distinction entre l’urgent, le pressé, l’important, le
primordial ou le crucial, et le rapide. Le concept de base est simple à
comprendre. Si l'on représente un processus de travail sur une tâche précise,
par une série de « périodes d’allocation de temps » la notion de « temps » ou
de « durée » ou même de « délai », devient évidente.
Ce qui distingue la gestion du temps, des autres actions
de gestion, c’est qu’il caractérise le temps sous ses différents aspects de
ressource, de facteur, de critère, de contrainte, de variable, de paramètre, de
dimension et de perception. D’où la nécessité de définir la valeur de ces
aspects et de savoir l’utiliser sans créer un déséquilibre dans leur
utilisation.
Il s’agit donc de comprendre le concept de
l’investissement-temps et de s’en rapprocher le plus possible.
De là, s’ensuit une réflexion plus profonde : l’adoption
dans la réflexion managériale de l’influent temps qui devrait pouvoir permettre
de distinguer le point focal de l’exercice du travail à travers la
différenciation, l’identification et la définition que l’on pourrait donner au
:
- Temps-Ressource
- Temps-Facteur
- Temps-Critère
- Temps-Contrainte
- Temps-Paramètre,
- Temps-Variable,
- Temps-Perception,
- Temps-Dimension
En comprenant la diversification des qualificatifs donnés
au temps, la maîtrise des capacités productives et productrices de l’entreprise
s’en trouveraient renforcées. Il s’agit donc, ensuite, de savoir faire un choix
et d’agir conformément.
On pourrait alors parler de chaîne critique du temps à
l’instar de la chaîne critique développée par GOLDRATT dans la Théorie des
Contraintes.
Cette chaîne critique du temps pourrait justifier
l’allocation de délais d’exécution et des marges de sécurité incluses dans la
synchronisation du processus de travail. Il ne s’agira pas de surévaluer ces
délais, mais de savoir les utiliser même si le temps effectif de réalisation
reste inférieur à ce qui avait été prévu, et rejoindre un peu la fameuse loi de
Parkinson, « le temps qui s’étire à l’infini».
Cette loi stipule que «tout travail au sein d'une
administration augmente jusqu’à occuper entièrement le temps qui lui est
affecté ».
Gestion du temps et Technologie
La gestion du temps est donc bien une des composantes de
la réflexion managériale stratégique. Elle permet, à priori, de mieux concevoir
l’organisation et la réalisation d’une activité, d’un projet, d’un travail ou
d’une mission à accomplir suivant des objectifs fixés et constants. Elle dépend
principalement de la phase de planification et d’anticipation.
Les durées et les délais impartis aux tâches à accomplir
sont généralement regroupés dans une conception de division d’un travail, ou
d’une tâche.
La technologie
Quand la Technologie intervient, ou est incluse dans les
processus de production et de travail, plusieurs questions se posent. Nous
emprunterons à Eliyahu GOLDRATT six questions principales :
- «
Quelle est la puissance réelle de la technologie ?
- Quelle
limitation permet-elle de diminuer ?
- Quelles
sont les procédures qui permettaient de travailler avec la limitation ?
- Quelles
sont les nouvelles procédures à mettre en œuvre ?
- À
partir des modifications des procédures, quelles modifications sont requises
sur la technologie ?
- Comment
réaliser le changement? »
Répondre à ces questions, ou tout simplement les
transposer dans la réflexion managériale de la planification, apporterait :
- Puissance
réelle de la Technologie : économie de temps et rapidité de production,
- Limitations
à diminuer : délais impartis aux tâches,
- Procédures
en accord avec les limitations : changement des processus de travail,
- Modifications
requises sur la Technologie : accélération des quantités produites et
finissage plus complet,
- Réaliser
le changement : vaincre les réticences et les résistances,
LE TEMPS, UNE NOUVELLE APPROCHE
La plupart des ouvrages traitant du management des
entreprises stipulent que toute organisation est administrée, ou gérée, en
considérant des fonctions et des ressources et leur interactivité. Le
management moderne considère à ce propos :
- Quatre
fonctions d’administration : planification, organisation, direction et
contrôle,
- Quatre
fonctions de commercialisation : production, distribution, vente et
communication (promotion).
- Quatre
types de ressources : physiques, matérielles, financières et
humaines.
D’autres ouvrages ont considéré l’ajout d’une cinquième
ressource : l’information, considérant que toute interaction, que tout travail,
ne peut se faire sans information et sans communication.
Nous en sommes donc à prendre en compte cinq ressources
interagissantes avec les fonctions d’administration (de gestion) et celles de
commercialisation.
Nous avions alors, dans un de nos articles précédents,
proposé un tableau mettant en relief cette interaction :
Tableau 1 – Interaction entre cinq ressources, quatre
fonctions d’administration et quatre fonctions de commercialisation
Cependant, cet article suppose que le temps peut aussi
être une ressource. Ainsi, le graphe représentatif de la gestion d’une
entreprise prendrait alors l’aspect suivant :
Tableau 2 – Interaction entre six ressources,
quatre fonctions d’administration et quatre fonctions de commercialisation
CONCLUSION
Faudrait-il vraiment considérer le temps comme une
ressource fondamentale ? Le point soulevé est d’importance, car on si on se
posait les deux questions suivantes :
- Dans
quelle mesure le temps influe-t’il sur la gestion des entreprises ?
- Dans
quelle mesure le temps influence-t-il la gestion des entreprises ?
peut-on affirmer que le temps n’est simplement qu’une
ressource à la disposition du management des organisations ?
- Oui,
et c’est ce que cet article a tenté de démontrer,
- Non,
car en introduction nous avions défini le temps sous huit aspects
différents : ressource, critère, facteur, paramètre, contrainte, variable,
perception et dimension.
Mais quel que soit l’aspect dimensionnel que l’on
pourrait lui attribuer, le temps reste un agent d’influence important. Ne
devrait-on pas alors, lui octroyer ce qui pourrait être sa véritable dimension
que nous traduirons par le terme influent, comparativement à ceux de
ressources, fonctions, éléments, composants, etc.
À la limite nous nous trouverions devant une nouvelle
approche managériale qui considérerait :
- Des
fonctions d’Administration,
- Des
fonctions de Commercialisation,
- Des
ressources,
- Des
influents.
Ces influents seraient par définition, des forces actives
agissantes sur des fonctions en collectivités autant qu’en individuelles,
déterminant ainsi une dimension nouvelle du concept de management des
entreprises. Ce qui aurait pour effet direct de mieux :
- Planifier,
organiser et diriger en facilitant l’application de la fonction de
contrôle.
- Produire,
distribuer, vendre et communiquer
- Distribuer
les ressources suivant l’importance et la durée des activités en cours.
En conséquence, nous pourrions établir le tableau suivant
:
Tableau 3 – Action directe de l'influent temps sur
la gestion des entreprises.
Ne serait-ce pas aussi poser la problématique de
l’Intelligence du Temps ?
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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- Ed. Fayard
GOLDRATT
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http://coaching-autrement.com/le-facteur-temps/
http://www.changement-egalite.be/spip.php?article1445&lang=fr#.UiQ4WPkwe2g
http://www.lexiquedumanagement.com/index.php/component/content/article/1-management/963-loi-de-parkinson.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Parkinson
Wikipédia – Théorie des Contraintes -
http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_des_contraintes
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