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vendredi 22 mars 2013

L’intelligence collective est donc une psychothérapie du lien social.


L’émergence d’une intelligence collective et de la coopération ou comment transformer les environnements sociaux et institutionnels pour les rendre moins pathogènes !
Maïeutique
La notion de changement individuel est très difficile à manier. L’intelligence collective créative n’a pas l’objectif de changer les individus à proprement parler. Elle crée les conditions d’uneenvie de changement qui est évidemment différente selon les personnes et propose un cadre réparateur qui permet de guérir les obstacles personnels à la coopération, autrement dit, de vivre et de travailler avec les autres. Cela se résume, de participer à une œuvre commune et de ne plus être perdu dans des rapports de haine et de mépris avec les autres. Il s’agit de sortir de l’égoïsme ou du repli sur soi pour être capable d’aller vers les autres, ainsi que d’être capables de travailler à une œuvre collective.
Ces changements positifs de l’environnement institutionnel et social auront à leur tour des « effets ressourçants » sur les individus. On a pu observer, en effet, que les changements individuels dans le groupe allaient de la victimisation à la responsabilité ; de l’impuissance au pouvoir, à la confiance en soi, à l’écoute de l’autre, à l’empathie et la tolérance. C’est-à-dire toujours dans le sens d’une meilleure coopération et d’une acceptation du conflit d’où ressort une approche plus complexe de la réalité.
L’objectif de l’intelligence collective créative n’est donc pas de conduire les gens à changer à un niveau individuel, lorsque de tels changements surviennent au cours du processus, ils aident aux changements collectifs. L’objectif n’est pas à proprement parler psychologique, il est plutôt  politique dans le sens où il s’agit de créer des espaces plus démocratiques qui rendent les débats conflictuels possibles et qui redonnent aux personnes un pouvoir d’agir dans leur environnement et plus largement dans la société.
Créer des institutions plus saines, moins pathogènes, des environnements collectifs plus favorables à l’épanouissement des individus est le devoir d’une démocratie vivante. Dans cette perspective éminemment politique, l’intelligence collective créative représente l’outil qui permet l’adaptation permanente des institutions au service des citoyens et la création d’environnements sociaux sains et réparateurs.
L’intelligence collective permet la résolution de problèmes complexes qui ne peuvent être résolus par des experts et qui sont à l’origine de sentiments d’impuissance et de souffrances collectives. Les dispositifs mis en place réunissent tous les acteurs du système concernés et leur donnent la possibilité d’échanger les informations véritables qu’ils détiennent. Ce faisant, ils trouvent des solutions innovantes réellement adaptées à des réalités mouvantes et complexes.
Vers une maïeutique aidante.
L’intelligence collective créative prend toute sa dimension dans des situations de crise et de tensions extrêmes auprès de groupes ayant à travailler ou à vivre ensemble et ne parvenant pas à s’entendre autour d’un objectif commun. Elle procède comme une maïeutique, aidant les gens à s’aider eux-mêmes, sans intervention extérieure ou venue d’ « en haut ». Le but ultime est de faire émerger du groupe une intelligence collective, seule capable de déjouer la crise, toujours en adéquation avec la problématique qui occupe les participants ; nul expert, nul décideur, nul penseur ne peut trouver LA solution à leur place. Il s’agit de créer un environnement affectif et collectif qui soit le moins pathogène possible.
Comment satisfaire nos besoins primordiaux ?
Dans la petite enfance, la satisfaction des besoins primordiaux d’amour et de sécurité permet à l’enfant d’établir un rapport sain avec le monde et les autres. Dans le cas contraire, privé d’amour, menacé dans son existence même et son identité, l’enfant restera victime de ses démons intérieurs et entraîné par la peur et l’angoisse, il sombrera parfois définitivement dans le désespoir et la maladie mentale. De la même façon, l’adulte a besoin d’un environnement qui lui apporte la satisfaction de ses besoins de lien, de reconnaissance et de sécurité.
Un environnement collectif, psychologique ou institutionnel, peut se révéler réparateur ou, au contraire, aggraver les blessures de l’enfance. Certains régimes, certaines périodes de l’histoire peuvent donc être à l’origine de folies collectives qui entraînent un peuple entier vers la haine, la destructivité et la barbarie. Les approches de l’intelligence collective n’a pas pour but de soigner les individus de leur mal-être ni de tout ce qui « dysfonctionne » en eux, mais elle soigne, guérit et transforme les liens entre des individus qui doivent vivre ou travailler ensemble et qui n’y parviennent pas.
Cette difficulté à vivre et à travailler ensemble provient d’obstacles psychologiques, institutionnels et sociaux et crée une souffrance qui peut donner une motivation au changement. L’intelligence collective est donc une psychothérapie du lien social, qui se donne des objectifs touchant à la vie collective.
Comment mobiliser l’intelligence collective :
La mobilisation de l’intelligence collective est plus ou moins brève, plus ou moins approfondie, selon les buts recherchés. Son objectif est l’amélioration des relations sociales, la mise en place d’espaces de vie démocratique et la résolution des problèmes.
Elle se pratique en mettant en évidence les filtres émotionnels et idéologiques qui nous empêchent de voir la réalité dans toute sa complexité. Elle permet aux individus concernés par un même problème collectif d’exprimer leurs souffrances, de comprendre leurs « stratégies de survie » et par conséquent, leurs comportements dans la relation avec les autres. Une telle prise de conscience des blocages personnels –et institutionnels- permet  d’apprendre concrètement à vivre et travailler ensemble, y compris en intégrant le conflit comme valeur positive.
La mobilisation de l’IC se définit d’après trois objectifs :
  1. Elle est une approche du lien social, au sens où elle soigne, guérit et transforme les liens entre des individus qui doivent vivre ou travailler ensemble.
  2. Elle cherche également à trouver des solutions en favorisant l’émergence de l’intelligence collective.
  3. Elle permet la résolution de problèmes qui ne peuvent être résolus uniquement par des experts et qui sont à l’origine de sentiments d’impuissance et de souffrances collectives.
Elle constitue également une nouvelle éducation à la vie démocratique : elle vise l’esprit critique, la capacité au conflit sans violence et la responsabilité individuelle. Les ressources que cette démarche développe chez les individus –confiance en soi, relation saine à l’autorité, esprit critique et capacité à débattre et dialoguer, y compris de façon conflictuelle – permettent de prévenir les tentations totalitaires en intégrant la contradiction et la complexité de la réalité.

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