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dimanche 29 septembre 2013

Ce qui se passe-t-il à votre insu dans un état de connexion collective : l’intelligence collective, une drogue ?

Quel que soit le groupe que vous intégrez, vous ne pouvez aucunement faire obstacle à la chimie de votre cerveau  et de l’atmosphère engendrée par cerveau social. C’est quasi impossible de ne pas être influencé par la pression qui se dégage collectivement lors d’un rassemblement aussi petit soit-il. Le besoin de reconnaissance, la sensation d’être écouté, les liens affectueux, les règles, le souci de l’autre, les mythes et rituels ainsi créés sont de puissants attracteurs, contributeurs et catalyseurs du bien-être du faire et d’être ensemble.  Lacohésion socio-affective et opérative qui en découlent crées une force irrésistible et unique de sécurité et d’invulnérabilité.
Nous allons ci-après décrire comment devenons-nous passionnés et amoureux au sein des collectifs à notre insu, qu’il soit religieux, politique, économique, sportif, spontané, psychique, thérapeutique, spirituel, laïque, …

Les états extrêmes de l’intelligence collective, un état amoureux.

Lors d’une émergence collective ou de cohésion forte nous sommes éblouis, émus, béats, en transe. Et si uncollectif en transe (stade, manifestation politique, etc..) était un état amoureux ? Et si l’état d’amour n’était dû qu’à un subtil dosage d’ingrédients, une simple affaire de molécules et d’inconscient ?
Testostérone, ocytocine, lulibérine, endorphines… Toutes ces molécules, libérées à grands flots lors de la rencontre collective synchrone, nous font planer, désirer, jouir, oser. Aucun groupe n’échappe à la révolution hormonalequi transforme son être en un véritable petit labo de chimiste confirmé.  Nous sommes programmés pour être dépendants à l’autre et au groupe, aveuglés par nos normes sociales, car nous sommes conditionnés par le besoin.
Besoin de fusionner, ne faire qu’un avec le groupe, de faire le plein de plaisir physique et de sécurité affective et nous pousse à rechercher toujours plus de contact et la reconnaissance.
Vient ensuite l’explosion de la connexion collective, qui modifie radicalement l’état de conscience ordinaire : euphorie ou extase, ces molécules nous font décoller. Mais en même temps que les sens et la conscience s’affolent, nous produisons de l’ocytocine, l’hormone de l’attachement. Et c’est ainsi que le plaisir devient création collective.  Toutes ces hormones qui travaillent en surrégime produisent de la dopamine, qui booste ce que l’on appelle le « circuit de la motivation ». C’est la dopamine qui nous pousse à agir, à oser, à relever des défis.
C’est aussi sa chute, générée par l’absence ou l’abandon de l’objet de désir lors d’une exclusion, qui nous fait des nœuds à l’estomac, nous déprime plus ou moins sévèrement selon notre structure psychoaffective et notre capacité à gérer le manque.

La rencontre d’une multitude d’inconscients et on ne peut rien y faire !

On sait aussi, que l’alchimie collective ne doit rien au hasard, mais qu’elle naît de la rencontre de plusieurs  inconscients qui se choisissent. Une gestuelle, une voix, un talent, un mot, une réflexion, un ressenti, une clarté, une intention, un impression, une façon de dire ou d’être viennent réveiller ce qui sommeillait au plus profond de nous et réactiver à notre insu notre mémoire affective la plus ancienne, celle de nos premiers liens.
En état de connexion collective, la réalité ordinaire se dilate, toutes les portes – en soi et autour de soi – semblent s’ouvrir, les émotions s’intensifient, la banalité se dissout dans l’euphorie.

Osez comprendre ce qui arrive au sein des collectifs : un état hallucinatoire collectif.

Le regard se voile, l’ouïe devient sélective, la presence s’intensifie, le temps se suspend, nous ne voyons ou n’entendons que ce qui répond à nos attentes conscientes ou inconscientes. On ne voit des autres que ce que l’on projette sur eux, c’est la base même de la passion ou d’un état passionné.
Nous minimisons les défauts, nous modifions notre propre comportement, nous n’hésitons pas à tricher sur nos goûts pour intéresser les autres  davantage. C’est le temps du mensonge et personne n’y échappe. Le mot « idéaliser » est encore trop faible pour exprimer le regard des passionnés. Le rêve comme la réalisation d’un désir, et dans ce rêve, les êtres aimés comblent nos attentes, nos désirs et nos besoins  collectifs. Les personnes dotées d’une faible estime de soi sont spécialement douées pour ce processus d’idéalisation. Ce qui engendre, pour sortir de ce cycle de dépendance, des formes de coaching d’éveil pour renforcer la confiance en soi, lasécurité intérieure et l’esprit critique afin de retrouver son libre arbitre.
L’état de connexion est un état hallucinatoire, de transe sociale qui nous invite à décrocher temporairement de la pesanteur du réel et nous déconditionne du réel et de codes sociaux… C’est un authentique état modifié de conscience : pour celui qui aime cet état, le leader, le plus anodin se transforme le leadership, en héros magnifique au sein du groupe.
Alors que nous avons vécu sans le groupe durant un certain temps, en quelques heures ou quelques jours, il nous est devenu indispensable. Et pour prolonger le rêve, toute constatation susceptible de mettre en cause la perfection de la psyché groupale et de l’esprit de corps est immédiatement refoulée, les mises en garde de l’entourage sont taxées de calomnies, de jalousies, voire agressif…
Il y a aussi dans l’état  affectueux et passionné de l’effet de groupe, une force obscure qui pousse au dévoilement total, à la mise à nu. L’autre ne doit rien ignorer de moi et je dois tout savoir de lui. C’est le fantasme de la fusion : dans l’attachement, un plus un égale trois ! En chacun des autres, je retrouve ma partie manquante.
La connexion collective et les émergences psychique lors de travaux, nous amène effectivement à ne faire qu’un, éliminant, ne serait-ce que temporairement, la sensation d’incomplétude qui si souvent nous étreint. La puissance de ce fantasme fusionnel au cœur de l’intelligence collective conduit parfois à censurer nos désirs réels au profit de scénarios qui plaisent surtout au collectif.
Mais ce qui nous attache le plus, c’est la révélation d’un plaisir inouï, inconnu auparavant, qui installe le groupe  en position d’inégalable. Difficile alors de s’affranchir d’une emprise aussi délicieusement puissante.

Tout est possible, collectivement nous éprouvons une sensation d’invulnérabilité.

Entrer au sein d’un groupe nous ne nous y habituons jamais. Chaque fois, c’est comme si c’était la première. Ou la vraie, la bonne décision, le bon groupe, celle qui nous donne envie de repartir de zéro, de tout recommencer.
L’exaltation collective procure une sensation d’invulnérabilité. Ocytocine, quand tu nous tiens, la raison nous fuit.  Lorsque l’on entre dans un état de connexion, on ne se soucie que de l’intensité de l’émotion, comme si sa force était la preuve de son authenticité.  Or la décision radicale de quitter un groupe peut simplement traduire le désir inconscient de se fuir, de fuir ses responsabilités. Rien de très glorieux… mais si le collectif cessait de nous aveugler, serait-il encore un collectif ? Au sein des groupes nous sommes d’une part aveuglé par la cohérence du collectif, sa vision, sa manière de fonctionner  et en même temps le groupe est capables de découvertes insensées, de s’ouvrir aux zones de la psyché restantes invisibles.
Etre amoureux du collectif ouvre la conscience, fait émerge une intelligence collective et collaborative et en même temps peut rend aveugle le collectif, de l’importance entre le collectif et l’individuation, le « je » et le « nous ». La prise de conscience qu’on est distinct et différent des autres, et l’idée qu’on est soi-même une personne entière, indivisible doit être renforcé au même titre que la cohésion collective. Le choix d’un judicieux équilibre entre ce « je » et ce « nous » renforce la durabilité de l’intelligence collective et collaborative.

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